A cause d'une situation géopolitique instable, le tourisme au Mali s'est arrêté brutalement, engendrant une perte brutale de revenus pour les artisans maliens, déjà marginalisés.
Soutenus et réunis par l'ONU, l'Union Européenne et le gouvernement du Mali, une coopération d'artisans maliens a vu le jour. Les artistes Lidewij Edelkoort et Birgitta de Vos, en collaboration avec Atelier Sukha, se sont associés à Haram Sidibe, pour s'engager à assister les artisans du textile au Mali. Cheick Siby est l'un des artisans qualifiés avec lesquels ils ont travaillé à Ségou. Ainsi est né AAAA («Atelier des Autodidactes Anti-Algorithme »), un nouveau label.
C'est un tissu teint suivant une technique utilisée au Mali, et par extension, dans d'autres pays voisins. Le mot bɔgɔlan, de la langue bambara (la langue la plus utilisée au Mali), vient des mots bɔgɔ la terre, et lan, suffixe bambara sans équivalent en français signifiant « issu de ».
Traditionnellement, il s'agit d'une toile en coton. Filée et tissée à la main, les bandes sont cousues bord à bord pour former des étoffes de différentes dimensions. L'artiste peut commencer son travail.
Après une teinture de base obtenue par trempage dans une décoction de feuilles de bouleau d'Afrique (n'galama) et séchage à plat au soleil, l'artiste structure son dessin à la boue fermentée (bogo) avec l'aide d'un calame ou d'un pinceau. Pour les parties « rouges » (qui vont du rouille au brun), une décoction d'écorce de mpécou (arbre très utilisé en pharmacopée) s'impose. Oubliée quelque temps, cette même décoction donnera une teinture kaki.
Par la suite, l'obtention des parties blanches de l'étoffe ne se fait plus en frottant ces parties au savon. Un mélange de poudre lessivielle, de chlore et de savon de karité sert de décolorant puissant.
Ce tissu conjugue des nuances de marron et présente des teintes plus sobres comme le noir, le blanc ou l'ocre, obtenues grâce à un mélange de soude, de céréales et de cacahuètes.
Cet artisanat textile est signifiant par nature. Les dessins choisis sont en effet lisibles comme la marque d'identité d'une population, d'un village, mais aussi d'un artiste en particulier, si bien qu'une femme pourra à coup sûr reconnaître ses propres productions. Comme tout objet d'art africain, c'est un tissu puissant : étant en effet teint à base de terre, il est considéré comme imprégné d'énergie vitale.
Outre son utilisation en tant que textile dans la fabrication des tuniques masculines et des pagnes noués des femmes, on lui attribuait des vertus thérapeutiques. Traditionnellement, ce tissu a une valeur de protection pour ceux qui le portaient. Selon la forme ou la couleur des motifs, ils pouvaient protéger les chasseurs, les femmes enceintes, les personnes âgées et les nourrissons...
Les créateurs de ce label ont choisi cet art textile traditionnel au Mali, comme point de départ pour créer une ligne contemporaine de produits de design et d'art. Cette technique de fabrication séculaire relie les fabricants, non seulement à leur terre et à leur passé, mais aussi à leur avenir, et avec l'Atelier des Autodidactes Anti-Algorithme, elle leur donne des possibilités illimitées dans le présent.
Créer ces décorations murales textiles est une coopération à forte intensité de main-d'œuvre entre les personnes et le lieu. Toutes les étapes de la fabrication des totems textiles du label sont réalisées à la main. De la cueillette du coton, du filage, du tissage, de la teinture et de la peinture à la main.
Il s'agit là d'un véritable processus et produit d'art lent. Avec un minimum de moyens, ils créent des produits qui parlent le langage de l'âme.
L'Atelier des Autodidactes Anti-Algorithme a nommé chacun de ses modèles de décoration textile avec une notion, un concept, une idée issue de la tradition malienne (Stabilité, Progrès, Naissance, Intention...). Ces symboles ont été transmis aux artisans par leurs ancêtres. Une variété de propriétés protectrices et bénéfiques correspondent aux différents motifs dessinés sur le tissu. Ils aiment transmettre ce savoir-faire ancestral, de génération en génération, en y ajoutant une touche contemporaine.
Les décorations murales existent en plusieurs tailles. Il y a le petit modèle (largeur 12 cm, longueur 150 cm), le modèle moyen (largeur 14 cm, longueur: 200 cm) et enfin, le grand modèle (largeur 17 cm , longueur 250 cm).
Chaque dessin est réalisé sur un tissu de coton malien traditionnel (finimugu) teint et peint avec des herbes et de la boue fermentée. Le bogolan de l'association est créé en harmonie avec la nature. Les herbes cultivées localement sont utilisées pour teindre le tissu et la boue du fleuve Niger pour peindre les motifs.
Les décorations murales textiles sont fabriquées avec amour et chaque pièce est unique.
Les imperfections que vous pouvez trouver dans le tissage, les motifs imprimés ou la broderie rendent le produit parfait.
Chaque Totem est emballé dans une pochette en coton malin, accompagnée d'un beau livret sur l'association, ses artisans et leur artisanat.
L'association propose aussi des coussins dont les housses reprennent les mêmes techniques de fabrication que les totems. Des housses de coussins aux motifs simples, parfois cumulés, ces pièces uniques apporteront une authenticité forte dans votre décoration intérieure.
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